« Astérix et la Zizanie », René Goscinny et Albert Uderzo
Alors qu’Albert Uderzo a rejoint, le 24 mars dernier, son compère Goscinny au paradis des
bulles, un petit détour par le site Projet Voltaire nous rappelle l’origine des noms donnés à leurs célèbres héros, Astérix et Obélix. Une histoire de typographie, à retrouver aussi dans l’émission Les P’tits Bateaux du 10 avril sur France Inter*.
« Signifiant “petite étoile” (asteriskos en grec, de astêr, “étoile”), l’astérisque est représenté par le symbole *. Placé à la suite d’un mot, il renvoie à une note de bas de page ; placé devant un mot, il en signale une forme particulière.
Remplacez la terminaison –isque par –ix, en référence au chef gaulois Vercingétorix, et vous obtenez Astérix. Mais ce nom a également un sens caché ! Nous l’avons vu, le grec astêr signifie “étoile”. Quant au mot celte rix, il se traduit par “roi”. Littéralement, Astérix est le “roi des étoiles”. Un nom prédestiné pour une star de bande dessinée !
Ce que les créateurs n’avaient pas prévu, en baptisant ainsi leur personnage principal, c’est que ce nom deviendrait populaire au point d’éclipser celui dont il était issu : l’astérisque.
Difficile, quand on a appris le patronyme du guerrier gaulois avant même de soupçonner l’existence du signe typographique, de ne pas s’emmêler les pinceaux une fois arrivé à l’âge adulte. De plus, si l’on se prive de bien articuler le mot “astérisque”, on bascule inévitablement vers “astérix”.
Et Obélix dans tout ça ?
Comme Astérix, le nom Obélix dérive d’un autre signe typographique : l’obèle. Loin d’être une coïncidence, ces choix constituent un hommage à la mémoire du grand-père de Goscinny, imprimeur-typographe.
Issu du grec obelos, “broche” (à rôtir), l’obèle correspond à l’origine au signe ÷, utilisé aujourd’hui pour la division. Puis il a pris la forme d’une croix latine, simple † ou double ‡, pour marquer les passages modifiés ou ajoutés dans les manuscrits anciens.
Utilise-t-on encore l’obèle ? Oui, après le nom d’une personne ou d’une date pour signaler un décès. Mais aussi comme appel de note, en complément de l’astérisque. À l’image du “couple” formé par Astérix et Obélix, l’astérisque et l’obèle sont intimement liés !
À tous les “déçus” qui étaient convaincus qu’Obélix découlait d’obélisque (obéliskos en grec), il est évident que l’imposant monument égyptien n’est pas sans rappeler la carrure du Gaulois aux nattes rousses, tout aussi impressionnante (non, je n’ai pas dit gros !).
En conclusion, rappelons que l’astérisque et l’obélisque, sont, à l’image de nos deux irréductibles, de genre masculin. »
Guillemette Tracou
* www.franceinter.fr/emissions/les-p-tits-bateaux/les-p-tits-bateaux-10-avril-2020 (avancer à 6’15)
J'ai appris plein de choses, merci! J'ignorais tout de l'obèle, et avant tout son existence...