Alors Tonton, le voisin m’a dit que tu avais des vaches autrefois. Combien de têtes ?
Vieux-Tonton : Oh là ! C’est que c’est vieux tout ça. Peut-être dix, mais pétard, t’avais beau mettre le barbelé, elles arrivaient toujours à se tailler dans le champ les garces. Heureusement, y’avait Lami [NDLSR : le chien péteur, mes narines d’enfant s’en souviennent] qui les rabattait.
Le beau-frère de ta tante, il voulait me le prendre, mais on le connaissait, il attachait pas les chiens avec des saucisses celui-là.
Attacher son chien avec des saucisses : voilà une expression française du milieu du XIXe siècle qui pointe l'avare, regardant et parcimonieux, refusant de donner sa part aux chiens. Un grigou pour qui une laisse de saucisses, aussitôt fixée, aussitôt consommée, est tout bonnement impensable. Vieux-Tonton aurait aussi pu dire « Il n'ose cracher de peur d'avoir soif » (plus relevé), « il a des écus moisis » (à mi-chemin entre le vieux françois – son prénom – et le « jeunois » – des ados près de vous ?) ou « il crie famine sur un tas de blé » (une culture que Vieux-Tonton aurait pu pratiquer s’il ne lui avait préféré la vigne, le tournesol ou le soja selon les fluctuations du marché).
Cueillette : Guillemette Tracou
Super, les chroniques de Tonton, j'adore ! Je connaissais le chien aux saucisses, mais pas les trois autres... Trop parlantes, les écus moisis, épatant.
J'ai enfin pu me connecter. Ouf ! Vos chroniques sont très sympas, bravo et continuez !