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Le Bureau des SR

Dérapages incontrôlés



Souvent, en travaillant, il m’arrive de tomber sur des phrases qui suscitent mon doute, voire ma perplexité, concernant l’intention de celui qui a rédigé le texte. Je parle notamment des glissements de sens, volontaires ou non. Malheureusement, dans les domaines de la communication et de la presse, il s’agit souvent du deuxième cas de figure. Le rédacteur a voulu employer une locution pour illustrer son propos et, sous l’effet d’un trébuchement de la langue, son cerveau a produit une tournure incongrue, pour ne pas dire comique.

Prenons l’exemple d’une rédactrice qui, dans un article touristico-culturel, utilisait l’expression « À un jet de pierres Art déco de l’hôtel Westminster… ». Sachant que la tournure originale « à un jet de pierre de… » signifie la distance parcourue par un projectile lancé, ce détournement de langue m’a pour le moins surprise. Après avoir expliqué à l’auteure que celui-ci n’était pas très clair (qu’est-ce qui est Art déco : le jet de pierre ou l’hôtel ?), celle-ci, visiblement très fière de sa trouvaille, a maintenu son point de vue et le texte a été publié tel quel au risque de ne pas être compris par le lecteur.

Tournures obscures

Confondant sans doute les clients et les petits pains, la même rédactrice écrivait qu’un salon de thé « multipliait les clients depuis son ouverture ». Ne voulait-elle pas plutôt dire que ledit salon de thé attirait de nombreux clients ? Plus loin, les touristes de la région étaient « en mal de mer » plutôt qu’en « manque de mer », et ainsi de suite. Ces tours compliqués, qualifiés par leur auteure d’« effets de style », pouvaient au mieux, faire sourire le lecteur, au pire, l’égarer, et certainement, rendre confus un article qui avait pour but de mettre en avant les atouts d’une région.

Dans un autre article touristique, un rédacteur, amalgamant la gent féminine et le méchoui, parlait, lui, d’une « brochette de beautés » s’ébattant au bord d’une rivière, ce qui m’a paru peu valorisant pour les femmes en question. Plus loin, les buffles de la région avaient un port de tête « régalien » (adjectif employé pour désigner un droit attaché à la royauté), au lieu d’être tout simplement « royal ».

Ce ne sont que quelques exemples des dérapages que l’on rencontre fréquemment dans notre métier et que l’on s’efforce de corriger afin que rendre la lecture plus compréhensible. J’espère vous avoir convaincus que rien ne remplacera une bonne relecture !


Véronique Tran Vinh

49 vues1 commentaire

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1 Comment


fabi.claire
Apr 18, 2020

Bravo, Véronique, il est temps de sortir le bateau de l'ornière, comme avait dit Jacques Chirac!

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